Accueil/ expose
La Condition ouvrière / Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale
mercredi 17 janvier 2024

Loading the player ...
Descriptif

Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (OC, II, 2, pp.57-58)
« Ainsi la course au pouvoir asservit tout le monde, les puissants comme les faibles. »

Par Julien Lagalle (Doctorant à l’Université de Caen Normandie)

Extrait étudié

Ainsi la course au pouvoir asservit tout le monde, les puissants comme les faibles. Marx l'a bien vu en ce qui concerne le régime capitaliste. Rosa Luxemburg protestait contre l'apparence de « carrousel dans le vide » que présente le tableau marxiste de l'accumulation capitaliste, ce tableau où la consommation apparaît comme un « mal nécessaire » à réduire au minimum, un simple moyen pour maintenir en vie ceux qui se consacrent soit comme chefs soit comme ouvriers au but suprême, but qui n'est autre que la fabrication de l'outillage, c'est-à-dire des moyens de la production. Et pourtant c'est la profonde absurdité de ce tableau qui en fait la profonde vérité ; vérité qui déborde singulièrement le cadre du régime capitaliste. Le seul caractère propre à ce régime, c'est que les instruments de la production industrielle y sont en même temps les armes principales dans la course au pouvoir ; mais toujours les procédés de la course au pouvoir, quels qu'ils soient, se soumettent les hommes par le même vertige et s'imposent à eux à titre de fins absolues. C'est le reflet de ce vertige qui donne une grandeur épique à des œuvres comme la Comédie humaine, ou les Histoires de Shakespeare, ou les chansons de geste, ou l'Iliade. Le véritable sujet de l'Iliade, c'est l'emprise de la guerre sur les guerriers, et, par leur intermédiaire, sur tous les humains ; nul ne sait pourquoi chacun se sacrifie, et sacrifie tous les siens, à une guerre meurtrière et sans objet, et c'est pourquoi, tout au long du poème, c'est aux dieux qu'est attribuée l'influence mystérieuse qui fait échec aux pourparlers de paix, rallume sans cesse les hostilités, ramène les combattants qu'un éclair de raison pousse à abandonner la lutte.
Ainsi dans cet antique et merveilleux poème apparaît déjà le mal essentiel de l'humanité, la substitution des moyens aux fins. Tantôt la guerre. apparaît au premier plan, tantôt la recherche de la richesse, tantôt la production ; mais le mal reste le même.

Lors de la journée d’étude sur le recueil La Condition ouvrière de Simone Weil qui s’inscrit dans le cadre de la préparation à l’agrégation de philosophie proposée par le Département de Philosophie de l'ENS-PSL. Chaque intervention prend la forme d’une explication de texte d’un extrait de l’oeuvre de Simone Weil.

 

Voir aussi


  • Aucun exposé du même auteur.
  • La Condition ouvrière / Ouverture du « ...
    Mickaël Labbé
  • La Condition ouvrière / Le mystère de l’...
    Anthony Dekhil
  • La Condition ouvrière / Mercredi [10 avr...
    Nathalie Calmès Cardoso
  • La Condition ouvrière / Le temps et le r...
    Frédéric Worms
  • La Condition ouvrière / Une seule chose ...
    Robert Chenavier
  • La Condition ouvrière / Exister n’est pa...
    Emmanuel Gabellieri
Auteur(s)
Julien Lagalle
Université de Caen Normandie
Doctorant

Plus sur cet auteur
Voir la fiche de l'auteur

Cursus :

Julien Lagalle est agrégé de philosophie et doctorant à l'Université de Caen Normandie.

Cliquer ICI pour fermer
Annexes
Téléchargements :
   - Télécharger l'audio (mp3)

Dernière mise à jour : 26/02/2024