Dans cette communication pour le séminaire Littérature et censure, Gabriel Matzneff précise d'abord la nature propre de la littérature. Elle tient moins aux sujets traités qu'à l'écriture. Un fait divers devient Madame Bovary par le style de Faubert ou Théorème grâce au génie de Pasolini. Si décisive soit la place accordée aux idées ou aux sujets, ils ne sauraient se substituer au style pour constituer le propre de la littérature. Ce préalable précisé, le conférencier en vient aux "brûleurs de livres". Le contenu prêté à un ouvrage, explique-t-il, est tributaire du lecteur. L'attitude censoriale, avec sa prétention à saisir un sens nécessaire à l'oeuvre et à en attribuer la responsabilité à son auteur, est absurde. Pareille démarche revient pourtant au goût du jour. Matzneff analyse le passage du printemps de liberté (1970-1982) à l'hystérie puritaine caractéristique de notre époque.
Ce ne sont pas les tyrans qui font les esclaves, mais les esclaves les tyrans. La censure contemporaine conduit les maisons d'édition à substituer aux directeurs littéraires des avocats pour corriger les manuscrits, voire supprimer des dizaines de pages, comme ce fut le cas pour le conférencier. A cette censure des livres symboliquement "brûlés", s'ajoute celle des livres qu'on tait.
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Cursus :
Gabriel Matzneff, est romancier, diariste, essayiste et poète.
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