Conférence donnée par Jérôme Porée dans le cadre du colloque "Les mondes de Paul Ricoeur: 1913-2013".
On sait le pont jeté par Paul Ricœur entre temps et récit. Selon lui, « le temps devient humain dans la mesure où il est articulé de manière narrative ». Une brève histoire du temps avant le récit permet de mesurer l’originalité et la fécondité de la notion de « temps raconté », surtout lorsqu’on la relie à celle d’ « identité narrative », formée au même moment. Mais il n’y a pas seulement les ressources, il y a encore les limites du récit. Ricœur est le premier à les reconnaître – et ce notamment à propos de la souffrance. Non que la souffrance, comme l’action, ne « demande récit » ; mais cette demande se heurte à « l’insistance de l’inénarrable ». Le temps cesse donc, à ce moment, d’être articulé de manière narrative. Mais cesse-t-il pour cela d’être du temps ? Cesse-t-il même d’être un temps humain ? Ces questions font signe vers ce qu’on peut appeler le temps après le récit ; et elles coïncident alors avec la question même qui s’impose concrètement à l’homme souffrant : comment vivre malgré tout ? Peut-être suffit-il, pour y répondre, de souligner ce « malgré tout » : il relie la souffrance et l’espérance, et il est une invitation à regarder celle-ci – à l’instar du projet – comme une modalité originaire du temps humain.
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Cursus :
Jérôme Porée est Professeur à l'université de Rennes 1. Ses thèmes principaux de recherche sont la phénoménologie, l'herméneutique et la philosophie morale.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 27/05/2013