Caractérisées par des violations des droits de l’homme et du citoyen dans la perspective d’une solution russificatrice accrue, les années de plomb brejnéviennes accréditèrent la thèse de fusion des nations, et ce par la stigmatisation du nationalisme dans tous les secteurs de la vie culturelle en Ukraine. Instrumentalisée, au service de l’imposture, tantôt par le cinéma de fiction, tantôt par le documentaire, cette thèse induisit, de gré ou de force, un certain nombre de cinéastes de premier plan à réaliser des œuvres redevables de l’impôt néo-stalinien à prélever sur leur notoriété artistique.
Parurent ainsi, pendant la période dite de la stagnation, des films impétueux montrant le drame d’une population déchirée par ses discordes idéologiques et politiques, ethniques et sociales. Démystificatrice de la complexité de la lutte de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) contre l’envahisseur nazi ou soviétique, une imagerie fonctionnelle, fallacieuse et négative, jetait les fils d’une même nation dans des camps opposés.
Bien qu’alimentaires, ces opus unitaires qui manifestaient l’allégeance de leurs auteurs au Parti, furent livrés par le noyau dur de l’École de Kiev, formé par Youriï Illienko, Léonide Ossyka, Boris Ivtchenko et Volodymyr Denyssenko. Perçus comme des œuvres de qualité, certains furent néanmoins privés d’exploitation au moment même où sévissait une chasse aux sorcières, lancée contre la dissidence par le patron du PCU Volodymyr Chtcherbytskyj.
Conférence donnée par Lubomir Hosejko, critique et historien du cinéma ukrainien, dans le cadre de la Semaine culturelle L’Ukraine et la Biélorussie organisée à l'ENS en 2006.
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Cursus :
Hosejko Lubomir est critique et historien du cinéma ukrainien. Il est notamment l'auteur de la première Histoire du cinéma ukrainien.
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