Conférence de Jean-Paul Gaudillière lors du colloque interdisciplinaire Sciences à « très grande échelle » Tout est-il permis ? Tout est-il bénéfique ? La dynamique d’une recherche peut-elle nous échapper ? - Troisième Session: Les bactéries résistantes
Cette communication discute la trajectoire historique de la recherche sur la résistance bactérienne aux antibiotiques et sur ses liens à la santé publique. Elle montre la transformation d’un phénomène initialement pensée comme un outil pour le laboratoire plutôt qu’un problème sanitaire en un enjeu global, difficilement soluble du fait de son échelle. La résistance aux antibiotiques est ainsi un exemple caractéristique du passage, en quarante ans, de l’innovation comme solution à l’innovation comme source de risques iatrogènes majeurs, liés à l’utilisation massive des antibiotiques.
La seconde partie, présentée par Jean-Paul Gaudillière, reprend la trajectoire de la résistance aux antituberculeux pour les dynamiques de mondialisation du problème et les réponses privilégiées. Elle souligne ainsi la place prise par la tuberculose dans la « santé globale » telle qu’incarnée par la Banque Mondiale ou le Fonds Mondial. La lutte contre les résistances est légitimée par le calcul épidémio-économique et associée à des innovations organisationnelles comme le dispositif dit Directly Observed Therapy Short term (DOTS) centré sur la mauvaise observance des patients comme origine principale de l’accumulation des résistances même si la question des effets iatrogènes du dispositif est occasionnellement discuté. Même si des « partenariats publics/privés » ont été mis en place pour renouveler la recherche de nouvelles molécules, celle-ci reste marginale par rapport à l’organisation et la surveillance des traitements.
Pour finir, la communication discute les liens de ce décalage entre recherche et lutte pour l’accès avec non seulement la faillite de la régulation marchande mais aussi avec la crise plus générale de l’innovation pharmaceutique.
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Jean-Paul Gaudillière est historien des sciences, directeur de recherche à l’Inserm et directeur du Cermes3. Il a travaillé sur les relations entre sciences biologiques, médecine et industrie pharmaceutique au XXème siècle et s’intéresse aujourd’hui aux dynamiques de mondialisation de la santé.
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Dernière mise à jour : 24/03/2022