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La Vénus d'Arles, une icône arlésienne

vendredi 04 avril 2014

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Descriptif

« La Vénus d'Arles, une icône arlésienne. De la découverte aux mises en scène régionalistes »

Conférence de Dominique Séréna-Allier lors du colloque Actualité et décor. De l’événement éphémère à l’image pérenne organisé par l'AOROC, dans le cadre du Labex TransferS.

Le 6 juin 1651, l’actualité à Arles est marquée par une découverte remarquable, celle d’une statue romaine d’abord identifiée comme une Diane mais qui s’avère surtout l’une des plus belles trouvées dans le sous-sol du royaume. Celle-ci est aussitôt acquise par la ville et intègre la collection publique en cours de constitution. Servie par des procédés muséographiques, elle participe pendant plus de 30 ans au décor de la Maison de Ville où se déroulent la cérémonie annuelle d’investiture des Consuls, les réceptions ritualisées de l’administration royale et l’accueil des visiteurs de marque.

Par sa présence théâtralisée, cette déesse de marbre donne tout son sens au récit épique que la ville écrit alors sur elle-même. Elle glorifie une cité plus que millénaire, fédère ses habitants après les troubles de la Fronde et réaffirme la souveraineté d’un pouvoir local inscrit dans la durée dont les consuls sont les héritiers légitimes. Mais à partir de 1683, devenue Vénus, la statue intègre à la demande de Louis XIV le décor de la Grande Galerie et contribue à cette « Nouvelle Rome » imaginée pour Versailles avant de rejoindre le Musée du Louvre après la révolution.

Au même moment à Arles, sous l’effet conjugué des voyageurs et des écrivains en langue d’oc, la Vénus, trouvée en 1651, retrouve une nouvelle signification. Elle devient, entre autre, sous la plume de Frédéric Mistral une héroïne locale au terme d’une relecture régionaliste de son histoire. Ainsi, dès 1896, dans ce tout nouveau musée d’ethnographie local le Museon Arlaten, moulages et photographies de la plus belle des arlésiennes célèbrent une altérité régionale présentée comme irréductible et réinscrivent une antiquité romaine revisitée dans l’imaginaire du Midi.