Conférence de Marie Gil dans le cadre du colloque Vita nova – la vie comme écriture organisé par Marie Gil et Frédéric Worms
« ‘L’homme affranchi de l’ordre du temps’- pour une ontologie de la Vita nova d’après Proust et Barthes »
Dans sa grande conférence sur Proust de 1978, prononcée un an exactement après la mort de sa mère, Barthes cite Dante et l’incipit de L’Enfer, « Nel mezzo del camin di nostra vita… » . Il dresse alors un parallèle entre lui et le grand romancier autour de la notion de vie nouvelle : « le deuil (de la mère) sera pour moi le milieu de ma vie ; car le ‘milieu de la vie’ n’est peut-être jamais rien d’autre que ce moment où l’on découvre que la mort est réelle, et non plus seulement redoutable. » La mort initie une vie nouvelle, en ce qu’elle crée l’écriture de la présence réelle. La Vita nova est une thanatographie : seule la mort donne sens à la présence, mais elle le fait en tant qu’écriture. Cette écriture sera réunit par les deux écrivains sous l’appellation de « roman ». Il s’agit de traduire cette « mort de la mère » en termes d’expérience ontologique, et non plus biographique. Chez Proust, ce sera l’expérience de la mémoire involontaire, au fondement de l’écriture romanesque et d’une certaine conception, immanente, de la métaphore. Chez Roland Barthes, ce sera la photographie.
Cursus :
Marie Gil est spécialiste de la littérature française du XXe siècle et de la littérature américaine, qu'elle a enseignées aux universités de la Sorbonne et de Franche-Comté, et elle est actuellement directeur de programme au Collège international de philosophie et chercheur associé à l'ITEM.
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