Exposé de Elisabeth Salvi, dans le cadre du colloque sur Cesare Beccaria à l’occasion du 250e anniversaire de l’ouvrage Dei delitti e delle pene (Livourne, 1764), événement classé parmi les Commémorations nationales 2014 par le Ministère de la Culture.
Avec la Bibliothèque philosophique du législateur, du politique, du jurisconsulte […] dont les dix tomes sont imprimés par un atelier de la Suisse francophone (probablement tous publiés auprès de la Société typographique de Neuchâtel, 1782-1785), Jacques-Pierre Brissot (1754-1793) dit Brissot de Warville, pamphlétaire, avocat au Parlement de Paris proscrit rapidement du barreau, propose une anthologie hétéroclite « de gens de lettres de tous les pays » relative aux lois criminelles. Elle sera formée de plaidoyers abolitionnistes, de projets réformateurs ou encore de témoignages judiciaires où Brissot invite les futurs auteurs – avocats, magistrats, médecins-chirurgiens, philosophes, publicistes ‒ à se réunir pour « fouiller dans le chaos [des] loix » (1782, tome premier, p. V.). En partant des textes précurseurs et héritiers de Cesare Beccaria avec lesquels Brissot forge le réformisme juridique à l’origine des mutations de la justice criminelle, la communication évaluera la portée culturelle de l’œuvre ‒ qui s’ouvre sur une Nouvelle traduction du Traité des délits et des peines ‒ et les enjeux universalistes contenus dans ce manifeste de la raison pénale. Il s’agira de comprendre ce que peut signifier la culture encyclopédique et « philosophique » de Beccaria selon le réformateur judiciaire français et comment il en fait une arme contre la tradition du droit de punir absolutiste.
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Cursus :
Elisabeth Salvi est professeur de Lettres. Ses recherches portent sur les pratiques et les conceptions de la négociation avec le Corps helvétique où elle analyse les interactions et les relations entre Etats, clivées par l’enjeu confessionnel et marquées par le réformisme des Lumières. Actuellement, ses travaux concernent la culture des élites judiciaires et politiques. Dans le cadre de l'équipe Damoclès, elle étudie les Lumières pénales dans les républiques helvétiques, plus particulièrement la réception de Beccaria dans les espaces francophones.
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