Conférence de Mathilde Lévêque lors du colloque "Enfants sauvages.Représentations et savoirs" organisé par le Lila et la République des Savoirs.
L’ « ombre portée » de l’enfant sauvage dans la littérature pour la jeunesse
La littérature contemporaine pour la jeunesse s’intéresse aux enfants sauvages et plusieurs publications récentes, albums, recueils, romans, pièces de théâtre, leur sont consacrées. Au XIXe siècle en revanche et jusque dans la première moitié du XXe siècle, il semble que la figure de l’enfant sauvage soit absente des productions destinées à l’enfance et à la jeunesse, alors qu’elle apparaît fréquemment dans la littérature pour adultes. S’agit-il d’un phénomène de « recyclage », comme il en existe de nombreux autres exemples dans la littérature et la culture d’enfance, à savoir ce glissement progressif du public adulte vers les enfants ou les adolescents d’une pratique, d’une thématique ou d’un genre littéraire ? Ne pourrait-on pas tenter de déceler des présences plus implicites, plus ou moins cachées, de l’enfant sauvage dans la littérature pour enfants ? Si l’enfant sauvage interroge les limites de l’humain, il met aussi en question la notion même d’enfance et d’éducation. Figure cachée, l’enfant sauvage apparaîtrait dès lors comme la tentation du désordre, de l’informe, de l’animalité mais aussi du plaisir primitif, en contradiction avec les injonctions pédagogiques et normes éducatives qui modèlent l’écriture pour la jeunesse. L’enfant sauvage se dessinerait en creux ou dans l’ombre de plusieurs personnages créés pour la jeunesse des XIXe et XXe s. A partir de plusieurs exemples comme le Struwwelpeter ou Fifi Brindacier, on s’interrogera sur la figure sous-jacente de l’enfant sauvage, en lien avec les contextes historiques, politiques et pédagogiques indissociablement liés aux productions pour la jeunesse.
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Cursus :
Mathilde Lévêque est maître de conférences en littérature à l’Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité, membre de l’équipe Pléiade (EA 7338). Ses recherches portent sur l’histoire des traductions pour la jeunesse et sur les transferts, en particulier entre la France et l’Allemagne. Elle est responsable du centre de ressources « Livres au trésor » à l’Université Paris 13 et préside l’Afreloce, association française de recherches sur les livres et les objets culturels de l’enfance.
Dernière mise à jour : 27/01/2016