Conférence de Déborah Lévy-Bertherat lors du colloque "Les enfants sauvages" organisé par Déborah Lévy-Bertherat et Mathilde Lévêque du département Lila ENS.
La figure de Kaspar Hauser, versant tragique de l’ensauvagement (il est l’enfant reclus, par opposition à l’enfant de la forêt) a pris un sens nouveau autour de 1968, avec la pièce de Peter Handke et le film de Werner Herzog : l’intérêt pour l’enfant sauvage répondait alors à une mise en cause des méthodes éducatives, et à la revendication d’une liberté du sujet contre l’autorité. Les représentations de Kaspar dans la fiction des trente dernières années en sont les héritières, mais les questionnements moraux et psychologiques qu’il incarne désormais ont changé. Des auteurs de fiction (P. Auster, V. Bergen, S. Millhauser), de romans graphiques (P. Karasik et D. Mazzucchelli, Obom), des chanteurs (S. Vega), projettent en lui des interrogations sur les limites de l’humain, touchant à la parole, au vivant, à la solitude, à l’identité. À bien des égards, la figure de Kaspar recoupe celle de Pinocchio (Kasperle étant le nom type du pantin, l’équivalent allemand de Guignol).
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Institutions : Ecole normale supérieure-PSL
Cursus :
Déborah Lévy-Bertherat est maître de conférences en Littérature comparée au département Lila de l’ENS et membre du CRRLPM. Sa recherche porte sur les récits d’enfance, récits de guerre, témoignage et fiction, les enfants sauvages. Ses derniers ouvrages publiés sont : J’ai tué. Violence guerrière et fictions (Droz, 2010, avec P. Schoentjes), Dictionnaire du romantisme (Alain Vaillant, dir., CNRS, 2012). Elle a édité et traduit Un héros de notre temps de Lermontov et Les Nouvelles de Pétersbourg de Gogol (GF, 2003 et 2009), et a publié deux romans, Les Voyages de Daniel Ascher et Les Fiancés (Rivages 2013 et 2015).
Dernière mise à jour : 28/01/2016