Exposé de Jérôme Sackur dans le cadre du cycle "Les lundis de la philosophie"
Il est traditionnel de commencer exposés, articles et livres sur l'étude scientifique de la conscience par une mise en garde soulignant la difficulté de l'entreprise, voire en suggérant que la conscience restera toujours un peu mystérieuse, inaccessible en son fond à l'enquête empirique. Plus formellement, la même réticence se retrouve dans les distinctions entre les 'problèmes faciles' et les 'problèmes difficiles' de la conscience, ou entre les concepts de "conscience d'accès" et de "conscience phénoménale" – les uns compatibles avec l'approche scientifique, les autres non, parce qu'ayant essentiellement trait à la subjectivité. Contre cette vision, je défendrai l'idée que la conscience, sans qualificatif, est en réalité une des questions les plus accessibles pour la psychologie. J'illustrerai mon point de vue en montrant notamment comment expliquer la phénoménalité de l'expérience et son apparente richesse par un mécanisme unique de conscience d'accès. Plus généralement, au moyen de quelques exemples, je suggérerai qu'il est possible de démêler l'enchevêtrement de pensées qui nous conduisent, à tort, à poser la subjectivité comme point aveugle de la science. Alors, il apparaîtra que les problèmes les plus difficiles pour une science de la conscience, sans préjuger de leur intérêt ou de leur banalité philosophique, ne sont peut-être pas ceux qu'on croit (la subjectivité, les qualia, le fossé explicatif…), mais appartiennent plutôt à la problématique du flux mental, ou de la dynamique du courant de conscience.
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Cursus :
Jérôme Sackur est professeur associé et Maître de conférences au Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique à l'Ecole normale supérieure.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 15/06/2016