Exposé de Rosemary Le Bohec lors du colloque "Pierre angulaire : la Bible au croisement des disciplines" organisé par l'AOROC.
Recherche sur la Palestine ancienne : Tell el-Far’ah-Nord, un site aux enjeux archéologiques, historiques et bibliques (Tirza de Samarie)
Pierre angulaire, au croisement des disciplines, le site de Tell el-Far’ah se joue des domaines d’études et de leurs limites trop étroites. Depuis son identification à Tirza, capitale temporaire du Royaume d’Israël, et les fouilles qui y furent menées dans les années 1950 par le Père Roland de Vaux de l’École Biblique, l’étude de la cité antique a ouvert autant d’axes de recherches essentiels à la connaissance de l’histoire de la région qu’elle a su conserver de secrets et de mystères.
Depuis quelques années, elle attire à nouveau l’intérêt des chercheurs. Quatre millénaires d’occupation, des vestiges archéologiques suffisamment imposants pour poser les jalons d’une compréhension globale des périodes d’occupation des Hautes Terres de Palestine et une évocation de la cité dans le texte biblique comme capitale d’un royaume du Nord sont autant d’attraits qui rendent l’étude du site de Tell el-Far’ah incontournable.
Reprendre des recherches sur le terrain plongerait la cité dans les grands débats académiques actuels. Qu’il s’agisse de l’émergence d’un urbanisme florissant en Canaan à l’aube de l’Histoire, ou d’une lutte de pouvoir et d’influence entre les grands empires du Proche-Orient et de l’Égypte au deuxième millénaire avant notre ère, les domaines d’études envisagés permettent une approche diachronique de l’histoire du site. L’époque du Fer ouvre également des perspectives de recherches essentielles tant dans les domaines historiques que bibliques. Si les chercheurs peinent toujours à s’accorder sur les cadres chronologiques des évènements de cette période, la fonction même de la cité conserve bien des zones d’ombres. L’étonnant glissement d’autorité d’une capitale à l’autre au pied du Mont Ebal au IXe siècle avant notre ère pousse à s’interroger sur les relations que la cité de Far’ah noua successivement avec Sichem puis Samarie. Bien que fouillée davantage que d’autres sites, une grande partie du tell reste encore inexplorée et demeure donc une source d’informations sous exploitée. Atout inestimable qui fait de Tell el-Far’ah, un site aux enjeux majeurs et prioritaires vers lequel se tournent à nouveau tous les regards.
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Cursus :
Rosemary Le Bohec est doctorante archéologue, assistante à l'École biblique de Jérusalem.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 21/06/2016