Exposé de Pierre Steiner lors de la Journée Philosophie des Sciences et Intelligence Artificielle, organisée par l'Association française pour l'intelligence artificielle, la Société de philosophie des sciences, le Département d'étude cognitive de l'École normale supérieure.
Quelle est la pertinence et quelles sont les limites du concept de « paradigme », fréquemment mobilisé aujourd'hui pour décrire les transformations contemporaines des sciences cognitives et de l'intelligence artificielle ? Qu'il s'agisse d'un proto-paradigme ou d'un ensemble de programmes de recherche hétérogènes, qu'est-ce que la « cognition 4E » ? Je répondrai à ces questions en insistant notamment sur la diversité des conceptions de l'embodiment que l'on peut retrouver au sein de cette nébuleuse « 4E », avant d'aborder la question suivante : une prise en compte des dimensions « incarnées », « situées », « étendues » et « énactives » de la cognition est-elle nécessaire et/ou suffisante pour passer d'un ancien paradigme à un nouveau paradigme en IA, ou pour assister à des transformations au sein d'un paradigme déjà existant ? Si l'on souhaite s'interroger sur les conséquences éventuelles de la cognition 4E sur l'IA contemporaine, il convient aussi de remarquer l'influence d'une certaine IA sur les prémisses théoriques de la cognition 4E. Une inspiration importante des travaux précurseurs de Fr. Varela (1991), J. Haugeland (1995) ou R. McClamrock (1995) fut en effet un ensemble de réalisations en IA (Brooks, Agre et Chapman, Winograd et Flores, Ballard…), réalisations qui étaient déjà interprétées par ces auteurs comme exemplifiant les traits majeurs de ce qui deviendra la « cognition 4E ». Je terminerai en m'intéressant aux critiques qu'Hubert Dreyfus a pu récemment adresser à certains défenseurs d'une cognition « 4E » appliquée à l'IA, en identifiant une – voire la – tension majeure au sein de la nébuleuse « 4E » actuelle, y compris en IA : le statut du représentationnalisme, même lorsqu'il est non-symbolique et minimal.
Voir aussi
|
Cursus :
Pierre Steiner est enseignant-chercheur à l’Université de technologie de Compiègne au Laboratoire Connaissances, Organisations et Systèmes Technique.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 22/05/2017