Conférence dans le cadre du cycle L’humain, singulier et pluriel. Nouvelles frontières de l’anthropologie, organisé par Benoît de L’Estoile (Professeur d’anthropologie à l’Ecole normale supérieure - Département de sciences sociales).
Par Charles Stépanoff (EPHE)
Un caractère fascinant de l’imagination humaine, c’est la capacité à s’immerger collectivement dans des voyage mentaux (l’exploration par la conscience de scènes différentes de l’ici et maintenant). Dans les sociétés occidentales modernes, romans, séries et jeux vidéo sont des dispositifs encadrant efficacement les imaginaires de millions d’individus. Dans de nombreuses autres sociétés, des expériences imaginatives riches sont transmises par des moyens très différents, comme des traditions oniriques et des hallucinations induites par psychotropes. Le chamanisme est une des formes les plus complexes d’immersion et d’action coordonnée dans des univers invisibles partagés. Dans les technologies de l’imagination se joue la question cruciale d’un accès égalitaire ou hiérarchisé à un rapport riche au monde, intégrant ses dimensions visibles et invisibles, humaines et non humaines.
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Cursus :
Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), docteur en ethnologie (2007), Charles Stépanoff a été élu en 2008 maître de conférences à l’École pratique des hautes études (Section des Sciences religieuses). Il a été coordinateur du Groupement de recherche international « Nomadisme, sociétés et environnement en Asie centrale et septentrionale » (France, Fédération de Russie, Kirghizstan) et membre du Conseil national des universités.
Ses premières enquêtes ont porté sur le chamanisme à Touva en Sibérie méridionale : il a étudié les ressorts cognitifs et relationnels de l’autorité et des pouvoirs d’individus hors du commun, les chamanes. Ses travaux se sont ensuite étendus aux rapports à l’environnement à travers la chasse et l’élevage chez les populations de la taïga. Il a montré que les interactions de coopération entre hommes et rennes sont fondées sur l’entretien d’une attraction réciproque et la construction de paysages partagés. À partir de ces enquêtes, Charles Stépanoff étudie les multiples façons dont les humains établissent des liens et communiquent avec des êtres non humains : divinités, esprits, plantes ou animaux. Ses derniers travaux portent sur la transformation des régimes d’imagination et des rapports aux non-humains à travers l’évolution de longue durée des sociétés. S’inscrivant dans des collaborations pluridisciplinaires internationales, ses recherches s’inspirent de travaux récents menés en sciences cognitives, préhistoire et biologie.
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Dernière mise à jour : 02/07/2018