Séance dans le cadre du séminaire Actualité Critique de l'ENS (deuxième semestre 2017-2018).
Conférence de François Hartog, historien, directeur d’études à l’EHESS et président du Conseil d’administration de l’ENS. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages majeurs, notamment Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps (Paris, Le Seuil, 2003).
L’Histoire est-elle un lieu de mémoire européen? Voilà une question bien iconoclaste qui, dans les années 1970 encore, aurait étonné, sinon choqué les historiens. Mieux, ils ne l’auraient tout simplement pas comprise. Puisqu’il était entendu qu’il y avait, d’un côté la mémoire, de l’autre l’histoire, leur domaine, qui commençait là même où la mémoire s’arrêtait. Ce sont les bouleversements intervenus depuis, marqués notamment par l’irrésistible montée de la mémoire en Europe et ailleurs, qui ont conduit à interroger l’Histoire, à la fois comme discipline et comme croyance majeure du monde moderne, soit d’un monde qui désormais n’était plus le nôtre. Dès lors, l’Histoire qui allait avec ce monde moderne, qui a servi à le dire et lui a donné sens (le sens de l’Histoire justement) peut-elle être encore la nôtre ?
Support de la séance: Clio : l’histoire en Occident est-elle devenue un lieu de mémoire? (PDF, 13 pages)
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Cursus :
Ancien élève de l'École normale supérieure, il occupe la Chaire d'historiographie antique et moderne à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et est membre du Centre Louis Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes et membre associé du Centre de recherche historique (CRH). En 1997, il est l'un des 60 membres fondateurs de L'Association des Historiens.
Élève de Jean-Pierre Vernant et lecteur assidu de Reinhart Koselleck, son œuvre mêle étroitement histoire intellectuelle de la Grèce antique (sa thèse portait sur l'écriture de l'autre chez Hérodote), historiographie (livres sur Fustel de Coulanges, l'écriture de l'histoire en Grèce ancienne) et étude des formes historiques de temporalisation (ses travaux les plus récents).
Il a largement contribué à la formation et à la diffusion du concept de « régime d'historicité » (cf. son livre éponyme) qu'il définit comme « les modes d’articulation des trois catégories du passé, du présent et du futur, en parlant en termes de catégories, pas du contenu que l’on donne à chacune des catégories, mais des catégories elles-mêmes, et de la façon dont leurs articulations ont varié selon les lieux et selon les époques ». Selon Hartog, ce régime d'historicité (rapport qu'une société a au passé, au présent et à l'avenir) est marqué actuellement par le présentisme qui privilégie la mémoire (traces laissées dans le présent par des passés successifs) à l'histoire (reconstruction et mise à distance de ces passés).
Dernière mise à jour : 07/05/2018