Exposés de Elena Rondeau (Doctorante, Immunoconcept Laboratory, CNRS UMR 5164) dans le cadre du Séminaire Cavaillès (Histoire et Philosophie du vivant) organisé par la République des Savoirs à l'ENS-PSL.
Notre compréhension actuelle du cancer bénéficie d’une reconnaissance croissante du rôle de l’environnement tissulaire sur la progression tumorale, tant localement au site initial qu’à l’échelle de l’organisme affecté par la dissémination. En effet le développement de tumeurs secondaires, ou « métastases », qui sont responsables de la plupart des décès liés au cancer, fait intervenir de nombreux acteurs cellulaires et moléculaires de l’hôte. Nous nous intéressons plus particulièrement au phénomène de spécificité tissulaire des métastases (ou « organotropisme »), décrivant la sélectivité du site secondaire en fonction du type de tumeur primaire.
Dans ce cadre, nous proposons un projet d’analyse interdisciplinaire en onco-immunologie conceptuelle et expérimentale, qui articule deux aspects :
i) D’une part, une réflexion conceptuelle sur le façonnement historique de notre compréhension biologique des métastases, ainsi que sur l’implication complexe du système immunitaire ;
ii) D’autre part, une approche expérimentale permettant de travailler sur la caractérisation de certains de ces acteurs immunitaires pro-métastatiques.
Notre analyse historique vise à étudier l’héritage scientifique de l’analogie du « seed and soil » (ou « graine et terreau »), proposée à la fin du 19e siècle (Paget 1889) pour décrire la compatibilité entre cellules tumorales circulantes (le « seed ») et futurs sites métastatiques (le « soil »). Dès lors, les découvertes plus récentes de « niches pré-métastatiques » (établissement précoce d’un terrain favorable à la croissance tumorale secondaire par plusieurs facteurs résidents ou recrutés), et du rôle primordial du système immunitaire, permettent de raffiner la théorie et d’en extraire une appréciation plus exhaustive des facteurs promouvant la progression tumorale.
Nous nous intéressons plus particulièrement au rôle des cellules myéloïdes suppressives, qui s’accumulent dans certains cas au niveau de la tumeur primaire et du site métastatique, où elles exercent des fonctions immunosuppressives, pro-tumorales et pro-invasives. Il s’agit de caractériser, dans un modèle murin de cancer mammaire à dissémination spécifiquement pulmonaire, leur dynamique de recrutement et leurs spécificités fonctionnelles.
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Cursus :
Elena Rondeau est doctorante en philosophie des sciences. Elle s'intéresse au rôle du système immunitaire dans le processus métastatique.
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