"Depuis quelques années, les frontières entre les différentes sciences naturelles s’estompent. La complexité et la matière du vivant sont devenues des sujets intéressants pour les physiciens. Les techniques et les concepts autrefois réservés aux physiciens sont maintenant entre les mains des biologistes. La transdisciplinarité est devenue une réalité dans la pratique expérimentale. Des progrès spectaculaires sont à attendre aux frontières des disciplines classiques que sont la biologie, la physique, la chimie et les mathématiques. Il y a là une modification radicale de l’approche de la complexité du vivant grâce à une convergence de théories, de méthodologies et de pratiques de recherche. Tous les champs de la biologie sont concernés : biologie moléculaire, biologie cellulaire, neurobiologie, cancérologie, etc. J’en illustrerai un aspect au travers de mon expérience de neurobiologiste."
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Institutions : Ecole normale supérieure-PSL
Cursus :
Antoine Triller est directeur de recherche à l'Inserm, directeur de l'Institut de biologie de l'École Normale Supérieure.(IBENS)
Il consacre ses recherches à la biologie de la synapse. Travaillant sur la dynamique des récepteurs neuronaux au niveau des synapses, il a montré, grâce à des techniques d'imagerie moléculaire originales mises au point avec des physiciens, que les récepteurs ne sont pas définitivement fixés au niveau de la membrane de la synapse : ils diffusent constamment dans le plan de cette membrane. Ce phénomène, nécessaire à l'apprentissage, est régulé par l'activité des neurones et des réseaux neuronaux. Les mécanismes moléculaires responsables de ces régulations ont été identifiés. Ces résultats ont conduit à repenser radicalement la biologie de la membrane neuronale. Ils éclairent d'un jour nouveau et inattendu les mécanismes physiopathologiques, situés au niveau de la synapse, concernant les troubles de l'excitabilité neuronale (épilepsies ou douleurs neuropathiques) ou responsables du développement de maladies neurodégénératives. Son équipe a mis en évidence un mécanisme d'accumulation anormale d'un récepteur synaptique du glutamate, ce qui pourrait ouvrir une nouvelle voie thérapeutique dans la phase initiale de la maladie d'Alzheimer.
Dernière mise à jour : 23/02/2012