Conférence de Paul Caro modérée par Virginie Gohin.
Depuis son apparition au début du XVIIe siècle, la science
moderne a pénétré la société grâce aux récits que ses découvertes
permettent aux romanciers, aux littérateurs et quelquefois aux savants
eux-mêmes de construire pour le divertissement du public. Romances,
science-fiction, merveilleux fantastique, films, bandes dessinées,
mangas, etc. empruntent aujourd’hui beaucoup d’éléments de scénarios et
de décors au monde scientifique et technique. Par exemple, les séries
télévisées du matin destinées aux enfants décrivent des univers dans
lesquels la science et la technique (souvent fantaisistes) sont
utilisées par les bons comme par les méchants, associant ainsi le savoir
à un certain pouvoir violent. Le savant "fou", et "dangereux", est un
personnage littéraire depuis Frankenstein (1817).
Les récits de science ne sont pas différents des autres productions de
la littérature. Articles de journaux ou de revues hebdomadaires,
émissions de radio, racontent une histoire. Celle-ci est construite sur
des principes qui sont très proches de ceux qui se rencontrent dans les
contes merveilleux du folklore. Les procédés littéraires utilisés font
appel à des ressorts dramatiques qui comportent des personnages humains
(au premier rang le savant lui-même, bien sûr), animaux (mammifères,
marins ou loups), ou inanimés (bons comme les vitamines ou mauvais comme
la dioxine). Le récit se situe dans un décor (le désert est très
utilisé). Les circonstances sont souvent exceptionnelles : catastrophes,
cataclysmes, etc. La mise en scène des catastrophes à venir engendre
évidemment l’émotion, voire la peur (même si, souvent, les arguments
scientifiques avancés sont, en fait, peu convaincants). Les monstres
(comme les dinosaures) sont largement utilisés et la crème de la
vulgarisation scientifique est évidemment le récit de création, la
description des origines de l’Univers (terrain de prédilection des
astronomes) ou celles de l’humanité (les préhistoriens). Pour raconter
ces histoires, le "voyage de Gulliver" à travers le passé, l’infiniment
grand ou l’infiniment petit est un "truc" classique qui s’accommode bien
de l’image.
Ces récits sont reçus par le public avec plaisir, d’autant plus que
beaucoup d’articles de "vulgarisation" sont écrits par des journalistes
de talent qui font passer la connaissance à travers l’intérêt d’une
histoire. Les sources d’information pour la rédaction de ces histoires
se trouvent dans l’immense corpus de la littérature scientifique et
technique, l’ensemble des revues professionnelles des chercheurs. En
fait, ce sont surtout deux revues hebdomadaires pluridisciplinaires
anglo-saxonnes "Science" (USA) et "Nature" (UK) qui sont utilisées par
les journalistes. On montre deux exemples de sources possibles : l’un
pour l’histoire de la découverte des restes d’un serpent géant en
Colombie, l’autre sur le rôle de bombardements d’astéroïdes pour sortir
la Terre de son état gelé initial.
Si les enseignants pouvaient utiliser la littérature scientifique où
s’exprime la science contemporaine pour construire de petites histoires
de science à l’attention de leurs élèves, ceux-ci pourraient prendre
plaisir à ces récits.
Cursus :
Paul Caro est un chercheur spécialiste des éléments des Terres Rares dont il a étudié la chimie, la spectroscopie et les propriétés physiques en utilisant toutes sortes d’outils expérimentaux, comme la microscopie électronique et la spectrographie à haute résolution et des méthodes théoriques dérivées de la spectroscopie atomique quantique. Entré au CNRS en 1955 il a dirigé un laboratoire de 1967 à 1989 après un séjour aux Etats Unis. Il est Membre Correspondant de l’Académie des Sciences et Membre de l’Académie des Technologies.
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