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Bases de l’incertitude et de la précaution en toxicologie chimique
jeudi 09 janvier 2014

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Descriptif

Conférence de Robert Barouki lors du colloque interdisciplinaire Sciences à « très grande échelle » Tout est-il permis ? Tout est-il bénéfique ? La dynamique d’une recherche peut-elle nous échapper ? - Deuxième Session:  Les substances chimiques

La toxicologie peut être définie comme la discipline qui étudie l’interaction potentiellement dangereuse entre un organisme vivant et un agent physique ou chimique. Cette définition implique que l’on s’intéresse non seulement à l’action d’un toxique sur un organisme mais aussi aux effets des fonctions biologiques sur le toxique et ses propriétés. Ainsi, cette discipline ne décrit pas seulement les mécanismes des effets néfastes, mais s’intéresse aussi aux processus biologiques permettant de s’adapter aux expositions potentiellement toxiques et à éliminer les composés néfastes ou à réparer leurs effets délétères. Les mécanismes cellulaires permettant de s’adapter à une exposition potentiellement toxique sont anciens du point de vue de l’évolution. Les substances anthropogéniques ont complexifié l’univers chimique et sans doute augmenté la proportion d’espèces chimiques aux propriétés préoccupantes comme la résistance à l’élimination et la persistance dans les organismes et les écosystèmes pour des années, des décennies, voire des siècles.

Un des ferments de la précaution est l’incertitude sur la toxicité des agents physiques et chimiques qui caractérise beaucoup de nos connaissances actuelles. Cette incertitude a plusieurs sources que nous allons développer et qui illustrent les relations, pour le moins ambiguës, entre toxicologie et précaution. Les expositions des populations humaines sont multipkles et complexes. Un des objectifs ambitieux des chercheurs du domaine est d’arriver à cartactériser l’exposome, à savoir l’ensemble des expositions d’un individu (physique, chimique, biologique, psycho-sociales) sur la totalité de sa vie. Quant on connaît la complexité de notre univers chimique, constitué de dizaines de milliers voire de centaines de milliers de molécules différentes souvent présentes sous forme de mélanges très divers, on voit la difficulté de la tâche. L’incertitude vient aussi du fait que les relations dose-effet des toxiques chimiques ne sont pas nécessairement monotones et l’on voit parfois des effets apparaître à faible dose et diminuer à forte dose. Par ailleurs, le temps joue un rôle essentiel certains effets n’apparaissant que très longtemps après le début de l’exposition. Il faudra donc remonter loin en arrière pour trouver la cause possible d’une toxicité. Cette notion est bien illustrée par la vulnérabilité de certains stades du développement : une exposition limitée dans le temps pendant la vie fœtale peut augmenter la susceptibilité de l’individu à développer une pathologie à l’âge adulte. Les modèles expérimentaux qui nous servent à tester la toxicité des produits ne sont pas toujours prédictifs, mais des efforts importants sont en cours pour les améliorer et pour rapprocher la réglementation des données scientifiques les plus récentes.
Le principe de précaution est invoqué en cas d’incertitude, mais il doit s’appuyer sur des critères permettant de suspecter un danger. Ce principe est donc très lié à notre capacité à rassembler des arguments solides permettant de prévoir un danger. L’utilisation rationnelle de ce principe est donc très dépendante des avancées scientifiques. La Précaution a besoin de la Science.

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Auteur(s)
Robert Barouki
INSERM / Université Paris Descartes

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Cursus :

Ancien normalien, Robert Barouki est biochimiste et biologiste moléculaire. Il a consacré ses travaux récents à l’étude des mécanismes de toxicité des xénobiotiques, notamment certains polluants de l’environnement comme la dioxine et les pesticides. Il a analysé les effets biologiques et toxiques de l’activation du récepteur de la dioxine, AhR. Par la suite, il s’est focalisé sur l’étude de la perturbation des fonctions endogènes du récepteur et des effets spécifiques de différents ligands. Parmi les fonctions étudiées, une des plus notables a été la modulation de la transition épithélio-mésenchymateuse qui est impliquée dans le développement, la diffusion cancéreuse et la fibrose. Il étudie aussi les interactions entre composés toxiques et tissu adipeux chez l’homme et dans des systèmes expérimentaux. D’autres projets concernent la recherche de biomarqueurs pertinents en clinique, notamment en ce qui concerne la toxicité et les maladies métaboliques. 

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Dernière mise à jour : 18/03/2014