Conférence de Philippe Hamou dans le cadre du colloque "Physique et métaphysique : quels enjeux dans la constitution des cartésianismes et des anti-cartésianismes ?"
Organisé par : ENS, Mathesis, Cirphles, ANR Anthropos, UMR5037
« La “physique au sens large”. Boyle, Locke et le système des connaissances humaines »
L’objet de cette contribution est de clarifier le sens et la forme que revêt en Angleterre dans la seconde moitié du siècle la réception d’une certaine manière cartésienne de conjoindre ‘physique et métaphysique’, et singulièrement l’idée selon laquelle, comme l’écrit Descartes à Mersenne, la métaphysique contient tous les fondements de la physique. Il est d’usage d’opposer à cette physique métaphysique la voie newtonienne des « principes mathématiques de la philosophie naturelle ». Toutefois cette opposition contribue à masquer le rôle véritable de la métaphysique dans la pensée anglaise du XVIIe siècle. Si le terme « métaphysique » tend à disparaître des usages, cette disparition n’a pas la radicalité positiviste qu’on pourrait être tenté de lui prêter. Elle correspond plutôt à une redistribution ou une remise en ordre de l’architecture des savoirs au terme duquel une large partie de la métaphysique se voie versée au compte de la physique, celle-ci entendue en un sens ‘élargi’ du terme. La source de cette refonte dans l’architecture des savoirs est bien antérieure à l’œuvre newtonienne. Il faut la rechercher dans l’héritage baconien de la philosophie expérimentale, et spécifiquement dans la nouvelle systématique des savoirs proposé par Bacon depuis l’Advancement of Learning paru en 1605.
Cet héritage montre qu’une large partie de ce que fait Newton s’inscrit dans une tradition commune partagée, dont l’étude permet de mieux comprendre les affinités qui existent sur cette questions des liens entre physique et métaphysique entre Newton, Boyle et Locke, ainsi que la manière dont chacun d’eux, aux prises avec les problèmes qui leur étaient propres (en l’occurrence la science des corps pour Newton, celle de l’esprit pour Locke ou la théologie naturelle dans le cas de Boyle) ont donné leur propre inflexion à cet héritage.
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Cursus :
Ancien normalien, Philippe Hamou est professeur à l'UFR de Philosophie de l'Université de Lille III.
Il est membre de l’UMR 8163 STL, responsable de la formation de master de philosophie et co-responsable du projet ANR « PNEUMA : L’espace de l’esprit – théories de l’espace, pneumatologie, physico-théologie à l’époque newtonienne »
Dernière mise à jour : 13/11/2013