Conférence donnée par Gilles Philippe dans le cadre du colloque « Du côté de chez Swann ou le cosmopolitisme d’un roman français », organisé par Antoine Compagnon et Nathalie Mauriac Dyer, Collège de France et École normale supérieure.
La diversité des idiomes fut peut-être pour Proust un paradigme plus qu’une réalité positive. Elle fut en effet le modèle sur lequel il voulut penser l’altérité des idiolectes, selon un déplacement que l’on observe clairement dans ses textes critiques entre 1896 et 1920. Cet intérêt de plus en plus net pour les idiolectes individuels aux dépens des idiomes nationaux et cette tendance à penser les idiolectes comme s’il s’agissait d’idiomes expliquent en partie que Proust voulut traduire en français un auteur dont il ne connaissait pas la langue, ainsi que l’extrême littéralisme de certaines de ses traductions de Ruskin. Cela explique par ailleurs que la réflexion sur les idiomes et la mise en scène d’un certain cosmopolitisme langagier n’aient dans À la recherche du temps perdu qu’une place marginale, alors que la question de la singularisation idiolectale est si importante dès Du côté de chez Swann. On se demandera dès lors si Thibaudet avait raison, en 1927, d’associer Proust à un devenir cosmopolite de la littérature française et des pratiques stylistiques qui se faisaient alors jour.
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Cursus :
Gilles Philippe est professeur de linguistique française à l’université de Lausanne. Ses travaux portent sur l’histoire des imaginaires langagiers et des formes stylistiques aux XIXe et XXe siècles. Il s’intéresse par ailleurs à la génétique des textes et a édité de nombreux textes de Georges Bataille, Albert Camus, Marguerite Duras et Jean-Paul Sartre pour la « Bibliothèque de la Pléiade »
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