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La Condition ouvrière / Le mystère de l’usine
mercredi 17 janvier 2024

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Descriptif

« Journal d’usine », pp.179-181
« Le mystère de l’usine »

Par Anthony Dekhil, Doctorant à l’École Normale Supérieure de Paris - PSL

Extrait étudié
I. Le mystère de la machine.
Guihéneuf : faute d'avoir fait des mathématiques, la machine est un mystère pour l'ouvrier. Il n'y voit pas un équilibre de forces. Aussi manque-t-il de sécurité à son égard. Ex. : le tourneur qui, par tâtonnement, a trouvé un outil permettant de cylindrer à la fois l'acier et le nickel, au lieu de changer d'outil pour passer d'un métal à l’autre. Pour Guihéneuf, c'est une coupe, simplement ; il y va carrément. L'autre, avec un respect superstitieux. De même une machine qui ne va pas. L'ouvrier verra qu'il faut y mettre telle ou telle chose... mais souvent y fait une réparation qui, tout en lui permettant de marcher, la voue à une usure plus rapide, ou à un nouvel accroc. L'ingénieur, jamais. Même s'il ne se sert jamais du calcul différentiel, les formules différentielles appliquées à l'étude de la résistance des matériaux lui permettent de se faire une
idée précise d'une machine en tant que jeu déterminé de forces.
La presse qui ne marchait pas et Jacquot. Il est clair que, pour Jacquot, cette presse était un mystère, et de même la cause qui l'empêchait de marcher. Non pas simplement en tant que facteur inconnu, mais en soi, en quelque sorte. Ça ne marche pas... Comme un refus de la machine. Ce que je ne comprends pas dans les presses : Jacquot et la presse qui frappait 10 coups de suite.
II. Le mystère de la fabrication.
Bien entendu, l'ouvrier ignore l'usage de chaque pièce, 1) la manière dont elle se combine avec les autres,
2) la succession des opérations accomplies sur elle, 3) l'usage ultime de l'ensemble.
Mais il y a plus : le rapport des causes et des effets dans le travail même n'est pas saisi.
Rien n'est moins instructif qu'une machine...
III. Le mystère du « tour de main ».
Circuits d'où j'ai dû ôter les cartons. Au début je ne savais pas les séparer à coups de maillet. J'ai fait alors
des raisonnements sur le principe du levier qui ne m'ont guère servi.. Après quoi, j'ai su très bien, sans
jamais m'être rendu compte ni comment j'ai appris ni comment je procède.
Principe essentiel de l'habileté manuelle dans le travail à la machine (et ailleurs ?). Mal exprimé. Que chaque main ne fasse qu'une opération simple. Ex. travail sur bandes métalliques : une main pousse, une autre appuie à la butée. Plaques de tôle : ne pas tenir avec la main ; laisser reposer sur la main, appuyer vers la butée avec le pouce. Ruban à polir : appuyer avec une main, tirer avec une autre, laisser le ruban tourner la pièce, etc

Lors de la journée d’étude sur le recueil La Condition ouvrière de Simone Weil qui s’inscrit dans le cadre de la préparation à l’agrégation de philosophie proposée par le Département de Philosophie de l'ENS-PSL. Chaque intervention prend la forme d’une explication de texte d’un extrait de l’oeuvre de Simone Weil.

 

 

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Auteur(s)
Anthony Dekhil
République des Savoirs - ENS-PSL
Doctorant en philosophie

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Cursus :

Anthony Dekhil est doctorant en philosophie à la République des Savoirs (ENS-PSL).

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Dernière mise à jour : 26/02/2024