Exposé de Philippe Portier lors de l'inauguration du Centre européen d’études républicaines (CÈDRE).
La République face à la revendication identitaire : une politique de l’hybridité
Les Républiques se sont construites sur l’assise d’un projet universaliste : elles entendaient rassembler les citoyens au-delà de leurs appartenances particulières, en les inscrivant dans un « espace public nu » structuré par le discours de la raison commune. Or, au cours des dernières décennies, sous l’effet des mouvements migratoires mais aussi de la singularisation des existences, cette construction s’est trouvée confrontée, un peu partout dans le monde démocratique, à l’expansion de demandes inédites de reconnaissance, exprimées notamment sur le terrain religieux. Comment l’ordre républicain a-t-il réagi devant cette affirmation des identités qui, en remettant en cause la séparation, consubstantielle au régime de modernité, du public et du privé, est venue questionner ses principes fondateurs ? En appui principalement sur l’analyse du cas français, qu’elle abordera cependant à la lumière d’autres expériences nationales, cette communication se propose de penser les politiques contemporaines de la diversité sous le concept d’hybridité: en rappelant que si elles s’ouvrent aux logiques du différencialisme juridique, c’est en s’évertuant d’en limiter les effets entropiques par un recours -problématique- à la notion unificatrice d’« identité nationale ».
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Cursus :
Philippe Portier est, depuis 2007, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Paris-Sorbonne), où il occupe la chaire « Histoire et sociologie des laïcités », et dont il est membre du Conseil scientifique.
Depuis 2008, il est directeur du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités. Agrégé de science politique, il était, avant d’être élu à la Sorbonne, professeur à l’Université de Rennes 1, dont il dirigeait le master de science politique et l’École doctorale Droit, Science politique et Philosophie. Membre, durant plusieurs années, du Conseil national des Universités (2002-2009), il est également professeur à Sciences-Po Paris où il enseigne en Master la théorie politique.
Dernière mise à jour : 07/02/2017